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de se souvenir de ses bontés pour un homme qu’elle savoit attaché à l’incomparable tante. Les gens qui s’érigent en auteurs ont l’avantage imaginaire de s’étendre au delà de ce qu’ils sont par une espece de pénombre. Cependant je ne say si Mad. la Marquise a eu quelque bonne opinion pour moy, par la lecture de quelques uns de mes ouvrages, ou par ce que S. A. R. peut avoir dit de favorable. Apres cette grande princesse, et après les descendans de Madame l’Electrice, il n’y a gueres de gens qui la puissent avoir plus regrettée que moy. Sa derniere lettre que j’ay receue à Vienne a été écrite environ 3 semaines avant sa mort, elle y parloit sur les affaires d’Angleterre avec sa pénétration, sa vivacité et son indifférence ordinaire.

Le livre de Mad. Dacier sur la corruption du goust pourra ressembler au bel ouvrage de causis corruptae eloquentiae, que les uns donnent à Quintilien, les autres à Tacite. Il me paroist que le dessein d’Homere a été de mêler le burlesque avec le Héroïque. Il n’ecrivoit pas pour un grand prince comme Virgile, mais pour les peuples. Ainsi il est plus rejouissant et moins majestueux que Virgile. Je voy que les lettres commencent à se ressentir de la paix, puisque voila des grands ouvrages que vous m’annoncés, Monsieur : la Gallia Christiana, et le Moreri rendu encor meilleur sont importans, mais le dessein du R. P. Dom Monfaucon me charme*). 11 est capable de le remplir. Je voudrois qu’en traitant des antiquités, on nous montrât l’usage que les modernes en peuvent faire. C’est dommage que M. Saumaise n’a pas achevé son ouvrage de l’ancienne milice, dont il a donné un échantillon. Les Vetera deperdita en tout genre seroient bien utiles. 11 faudroit tacher d’etendre Pancirolle avec Salmuth. Le R. P. Monfaucon tachera sans doute par cy par là de reparer ces pertes. J’ecris la lettre cy jointe à M. Sàurin sur ce qu’il m’avoit fait esperer par vous, et je vous supplie de la luy faire rendre. S’il ne veut pas qu’on sache notre commerce, nous n’en dirons rien, mais il ne faut pas que nous luy demandions qu’on ne la sache point. Je menageray

  • ) $ugonÿ batte fieibnij golgcnbet mitgctïjeüt : Le P. Montfaucon fera bientôt commencer

l’impression de son S. Jean Chrysostome grec et latin. Je ne sai si tous savez le plan d’un ouvrage immense auquel il a travaillé pendant pîus de 20 ans, et qu’il fera imprimer après ce Pere Grec. C’est un recueuil des antiquitez de toutes les nations autant qu’elles sont connues, on y trouvera ce qui regarde la religion, le gouvernement, la Milice, les moeurs, les sciences, les arts etc. H promet de donner en 6 volumes in fol. beaucoup plus que ce qui est dans tous ceux de Graevius et de Gronovius.