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ßeibnij an Çugonÿ.

I.

Vous*) m’avés obligé extrêmement en me donnant de vos nouvelles et en me témoignant que les miennes ne vous seront pas désagréables. Ces marques de votre souvenir me sont cheres.

Vous pouvés juger combien Mad. votre tante et vos amis se sont plaints de votre changement, sur tout M. de la Crose et d’autres qui auraient été bien aises de vous voir, si non un pilier, au moins un défenseur de l’Eglise. Mais ce n’est pas à moy, Monsieur, de vous parler sur ces sortes de resolutions, et je veux croire charitablement que vous avés agi suivant les mouvemens de votre conscience. Je suis de votre sentiment, qu’un homme de guerre trouve du temps pour etudier. C’est un metier, où l’on n’est pas tousjours en faction. Un je ne say quel Mareschal de France disoit que les gens sans experience croyent que les soldats se battent tousjours, et que les maris caressent tousjours leur femmes. Vous estes dans un beau climat, où je voudrois passer l’hyver : j’y méditerais mieux ù mon aise, et mes démonstrations philosophiques seroient mieux rangées. Mes Essais sur la Bonté de Dieu, la liberté de l’homme et l’origine du mal ont esté imprimés en Hollande, mais je n’ay point voulu qu’on y mit mon nom. C’est un tissu de ce que j’avois dit et écrit autres fois ù la Reine .de Prusse, qui se plaisoit à la lecture de M. Bayle, et chez laquelle on parloit souvent des difficultés qu’il fait sur ces matières. Je tache de m’y expliquer un peu familièrement sur une partie de mes pensées. 11 y en a qu’on ne peut donner cruement, comme vous le savés, pareeque les gens sont sujets à les prendre de travers par rapport non pas à la religion, qui y est fort favorisée, mais aux sens. Je pense pourtant à un ouvrage latin où je tacheray de développer mon système entier. Le Pere Lami Bénédictin en avoit combattu une partie (dans son livre de la Connoissance de soy même), c’est à dire l’harmonie préétablie dont je me sers à expliquer la correspondance qui est entre l’ame et le corps. J’y ay repondu il y a environ un an dans un des journaux des Savans de Paris, et j’ay été fâché d’avoir été obligé de chercher les objections dans

  • ) 5tnfroort auf Çugonÿ* ©rief A Castres (©cburtêort Çugonÿê in ßangueboc) le 6 Nov.

1710.