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ffiemonb an Stibnig.

sente de votre part ; le don sera reçu plus agréablement que s’il passoit par les mains de M. de Torcy.

Votre dialogue sur le Mallebranchisme et vos jugements sur la dissertation de Milord Shaftsbury m’ont fait un plaisir infini. J’ai encore été plus charmé de votre lettre latine sur les principes de Pufendorf ; j’aurai la vanité de vous avouer que j’en ai toujours jugé de même, je ne le compare point à Grotius, quoique Grotius mesme ainsi que tous les Jurisconsultes ne prenne gueres la Justice qu’après la société établie, il faut donc monter jusqu’à Platon qui considere la vertu dans l’homme pris à part et qui prouve que l’ordre qui se trouve ou qu’il établit dans les facultés de son ame, dans sa republique intérieure qui a un magistrat né, une populace, et des troupes qui peuvent se ranger du bon ou du mauvais costé, que cet ordre, dis je, fait sa perfection et son bonheur, le rend ami do Dieu qui est l’ordre même etc. Ce système est d’une simplicité et d’une fécondité qui me ravissent toujours ; il est indépendant (selon Platon) des punitions et des récompenses dont il ne laisse pas d’approuver l’usage hors à l’egard de ceux qu’un bon naturel aidé d’une éducation très eclairée peut faire connoitre et aimer la dignité et la beauté de la vertu en elle même. De cela seul on tire les principes du droit positif jusqu’aux cas les plus éloignez et dont la décision devient très aisée. J’ai fait rendre à Mr Martine et à M. de Fontenelle les Theodicées que vous leur aviez destinées, et ils vous en rendent mille grâces. M. de Sully a l’excellent écrit que vous avez composé pour Monsieur le prince Eugene et que vous m’avez fait l’honneur de m’envoier ; M. le Duc d’Àremberg a souhaité de le voir, quoiqu’à la vie qu’il mene ici, il ne paroisse pas fort occupé de métaphysique.

M. Coste a eu la bonté de me copier et de m’envoier d’Angleterre les judicieuses remarques, que vous avez faittes sur le livre de l’Entendement humain de M. Lock.

Mons. l’abbé Conti qui m’écrit très souvent, est charmé de ce pays là ; il me paroit que M. Newton n’a rien de caché pour lui ; je suis donc présentement très instruit des sentimens particuliers des Philosophes Anglois. Les dernieres pages du livre de M. Newton sont bien embrouillées, sa conversation est plus libre et plus dégagée.

M. llugony est bien loin d’ici ; quand je scaurai où il reside, je ne manquerai pas de lui faire tenir la lettre que vous m’avez envoiée pour lui.