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illustre Abbé, comme d’un esprit excellent, % et j’ay de l’impatience d’en voir des productions pour en faire usage ; car je ne doute point qu’elles ne servent à m’eclairer.

Monsieur Wolfius est entré dans quelques uns de mes sentimens ; mais comme il est fort occupé à enseigner, sur tout les Mathématiques, et que nous n’avons pas eu beaucoup de communication ensemble sur la philosophie, il ne sauroit connoitre presque de mes sentimens que ce que j’en ay publié. J’ay vù quelque chose que des jeuned gens avoient écrit sous luy ; j’y trouvay bien du bon, il y avoit pourtant des endroits dont je ne convenois pas. Ainsi s’il a écrit quelque chose sur l’Ame, en Allemand / ou autrement, je tacheray de le voir pour en parler. Puisque mes vers n’ont point déplu ny à Vous, Monsieur, ny à M. l’Abbé Fraguier, je m’etonne moins que M. le Cardinal de Polignac n’en a pas été mal satisfait. Je vous supplie, Monsieur, de marquer mes respects à Son Eminence, et de la remercier par avance du précieux present qu’Elle me destine. Je souhaite qu’il paroisse au premier jour, afin que j’en puisse profiter encore pour perfectionner mes propres pensées. Je vous supplie aussi de faire mes complimens à M. l’Abbé Conti, dont j’honore beaucoup la personne et le merite.

11 y a icy Mons. le Comte Jttrger, d’une des meilleures familles d’Autriche, qui pense à faire un tour en France où il a été autres fois. Il a déjà été le premier des chambellans de l’Empereur Joseph, et il a esté employé dans des Ambassades comme Envoyé extraordinaire en Angleterre et à Turin ; et outre qu’il fait tout ce qui peut orner un Courtisan, il a une connoissance extraordinaire, sur tout de cette partie de la Physique, qui donne la resolution des corps par le feu. Mais il a encore cela de singulier, qu’étant un grand estimateur de l’Art General du celebre Raymond Lulle, il sait s’en servir non pas comme le vulgaire pour faire des discours en l’air, mais pour méditer et pour en faire des applications aux realités. 11 préféré Lulle à tous les modernes, même à M. des Cartes. Comme il pourra prendre la resolution d’aller en France, quand je ne seray plus icy, il m’a demandé, Monsieur, que je vous en écrivisse par avance, afin qu’il aye un jour l’honneur de votre connoissance, ayant été charmé de vos lettres. Ses belles qualités l’introduissent aisément par tout, mais il sait estimer les personnes qui vous ressemblent, et dont il seroit à souhaiter que le nombre fût plus grand.