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Remond à Leibniz

 

J’ay trouvé que la plupart des Sectes ont raison dans une bonne partie de ce qu’elles avancent, mais non pas tant en ce qu’elles nient. Les Formalistes, comme les Platoniciens et les Aristotéliciens ont raison de chercher la source des choses dans les causes finales et formelles. Mais ils ont tort de négliger les efficientes et les matérielles, et d’en inférer, comme faisait M. Henry More en Angleterre, et quelques autres Platoniciens, qu’il y a des phénomènes qui ne peuvent être expliqués mécaniquement. Mais de l’autre coté les Matérialistes, ou ceux qui s’attachent uniquement à la Philosophie Mécanique, ont tort de rejeter les considérations Métaphysiques, et de vouloir tout expliquer par ce qui dépend de l’imagination.

Je me flatte d’avoir pénétré l’Harmonie des différends règnes, et d’avoir vu que les deux partis ont raison, pourvu qu’ils ne se choquent point ; que tout se fait mécaniquement et métaphysiquement en même temps dans les phénomènes de la nature, mais que la source de la Mécanique est dans la Métaphysique. Il n’était pas aisé de découvrir ce Mystère, parce qu’il y a peu de gens qui se donnent la peine de joindre ces deux sortes d’études. Monsieur Descartes l’avait fait, mais pas asses. Il était allé trop vite dans la plupart de ses dogmes, et l’on peut dire que sa Philosophie est à l’antichambre de la Vérité. Et ce qui l’a arrêté le plus, c’est qu’il a ignoré les véritables lois de la mécanique ou du mouvement, qui auraient pu le ramener. Monsieur Huygens s’en est aperçu le premier, quoique imparfaitement ; mais il n’avait point de goût pour la Métaphysique, non plus que d’autres personnes habiles qui l’ont suivi en cultivant ce sujet. J’ai marqué dans mon livre, que si M. Descartes s’était aperçu que la Nature ne conserve pas seulement la même force, mais encore la même direction totale dans les lois du mouvement, il n’aurait point cru que l’âme peut changer plus aisément la direction que la force des corps, et il serait allé tout droit au système de l’Harmonie préétablie, qui est une suite nécessaire de la conservation de la force et de la direction tout ensemble.

Je vous suis obligé du soin que vous prenez, Monsieur, de mes petits ouvrages. Si quelque Libraire vouloit mettre ensemble ce qu’il y a de moi dans les différents Journaux, il en pourrait faire un petit volume. Quand je serai de retour à Hanovre, j’en marquerai les endroits. La France doit avoir bien des habiles gens que je ne connais point,