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Remond à Leibniz


II.
Leibniz à Remond.

N’avez vous pas peur de me gâter, et de me donner trop de vanité, en m’écrivant une lettre dont les expressions en ma faveur sont au dessus de ce que je pouvais jamais attendre ? Je réponds un peu tard, ne l’ayant reçue que depuis quelques jours : car je suis à Vienne quasi toute l’année passée, et M. Masson qui s’en est chargé n’a passé à Hanovre apparemment que depuis peu, autrement la lettre m’aurait été rendue plus tôt.

Je trouve naturel, Monsieur, que vous ayez goûté quelque chose dans mes pensées, après avoir pénétré dans celles de Platon, auteur qui me revient beaucoup, et qui mériterait d’être mis en système. Je pense de pouvoir porter à la démonstration des vérités qu’il n’a fait qu’avancer, et ayant suivi ses traces et celles de quelques autres grands hommes, je me flatte d’en avoir profité, et d’avoir atteint dans un certain point au moins, :Edita doctrina Sapientum templa serena. C’est sur les vérités générales et qui ne dépendent point des faits, mais qui sont pourtant encore, à mon avis, la clé de la science qui juge des faits.

J’oserais ajouter une chose, c’est que si j’avais été moins distrait, ou si j’etois plus jeune, ou assisté par de jeunes gens bien disposés, j’espérerais donner une manière de Spécieuse Générale, où toutes les vérités de raison seraient réduites à une façon de calcul. Ce pourrait être en même temps une manière de langue ou d’écriture universelle, mais infiniment différente de toutes celles qu’on a projetées jusqu’ici, car les caractères et les paroles mêmes y dirigeraient la raison, et les erreurs (excepté celles de fait) n’y seraient que des erreurs de calcul. Il serait très difficile de former ou d’inventer cette Langue ou Caractéristique, mais très aisé de l’apprendre sans aucun Dictionnaire. Elle servirait aussi à estimer les degrés de vraisemblance (lorsque nous n’avons pas sufficientia data pour parvenir à des vérités certaines) et pour voir ce qu’il faut pour y suppléer. Et cette estime serait des plus importantes pour l’usage de la vie, et pour les délibérations de pratique, où en estimant les probabilités on se mécompte le plus souvent de plus de la moitié.

J’apprends que les Pères Journalistes de Trévoux ont donné quelque