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Qcibnig au Sllicaiic. 581

bien former les définitions des termes. Aimer véritablement et d’une manière desinteressée n’est autre chose que d’estre porté à trouver du plaisir dans les perfections ou dans la felicité de l’objet, et par conséquent à trouver de la douleur dans ce qui peut estre contraire à ces perfections. Cet amour a proprement pour objet des substances susceptibles de la felicité ; mais on en trouve quelque image à l’egard des objets qui ont des perfections sans les sentir, comme seroit par exemple un beau tableau. Celuy qui trouve du plaisir à le contempler et qui trouveroit de la douleur à le voir gasté, quand il appartiendroit même à un autre, Paimeroit pour ainsi dire d’un amour desinteressé ; ce que ne feroit pas celuy qui auroit seulement en vue de gagner en le vendant ou de s’attirer de l’applaudissement en le faisant voir, sans se soucier au reste qu’on le gaste ou non, quand il ne sera plus à luy. Cela fait voir qu’on ne sçauroit oster le plaisir et la pratique a l’amour sans le destruire, et que Mons. des Preaux a eu également raison dans ses beaux vers, dont vous m’avés fait part, de recommander l’importance de l’amour divin et d’empêcher qu’on se forme un amour chimerique et sans etïect. J’ay expliqué ma définition dans la preiace de mon Codex diplomaticus juris gentium (publié avant la naissance de ces nouvelles disputes), -parce que j’en avois besoin pour donner la defiiiition de la Justice, laquelle à mon avis n’est autre chose que la charité reglée suivant la sagesse. Or la charité estant une bienveillance universelle, et la bienveillance estant une habitude d’ai1ner, il estoit necessaire de définir ce que c’est qu’Aimer. Et puisque Aimer est avoir un sentiment qui fait trouver du plaisir dans ce qui convient à la felicité de l’objet aimé, et que la Sagesse (qui fait la règle de la justice) n’est autre chose que la science de la felicité, je faisois voir par cette Analyse que la felicité est le fondement de la justice, et que ceux qui voudroient donner les véritables Elements de la jurisprudence, que je ne trouve pas encor écrits comme il faut, devroient commencer par l’établissement de la science de la felicité, qui ne paroist pas encor bien fixée non plus, quoyque les livres de morale soyent pleins de discours de la beatitude ou du souverain bien.

Comme le plaisir, qui n’est autre chose que le sentiment de quelque perfection, est un des principaux points de la felicité, laquelle consiste dans un estat durable de la possession de ce qu’il faut pour gouster du plaisir, il seroit à souhaitter que la science des plaisirs, que