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des parents à proclamer l’obligation de fréquenter les écoles dans certaines conditions : voilà quel est le premier devoir de nos législateurs. »

Dans une autre circonstance, il s’exprime ainsi :

« L’instruction élémentaire, c’est la première nécessité d’un pays constitutionnel. Il faut, comme le dit Girardin, mettre en harmonie l’instruction et la constitution d’un peuple.

« Nous ne donnons que $ 160.000 aux écoles élémentaires, et $ 70.000 à l’instruction dite supérieure, j’admire et je respecte nos collèges classiques, que nous devons au dévouement de prêtres vertueux, véritables amis de leur pays, et je ne veux diminuer en rien leur prestige et leur mérite ; mais je combats un système qui n’est ni juste ni sage. C’est le peuple surtout que l’on doit chercher à instruire ; le riche peut se protéger tout seul ; c’est à l’enfant du pauvre qu’on doit tendre la main bienfaisante de l’éducation pour le défendre contre les dangers qui l’assiègent, pour le sortir de la misère qui peut tuer cette intelligence naissante, et pour lui ouvrir à deux battants les portes de l’avenir et l’aider à conquérir une position honorable. »

Et, dans un autre travail, je trouve encore ces paroles :

«… Certaines sciences, belles et louables en elles-mêmes, seraient peu utiles à nos manufacturiers, à nos commerçants, à nos artisans, et ces sciences, tout intéressantes qu’elles sont, ne mèneraient pas loin ceux qui voudraient s’en contenter à notre époque, et surtout dans nos villes d’Amérique… »

Et plus loin encore :

« …Ce reflet de gloire, qui nous arrive du vieux monde, nous impose de nouveaux devoirs, au premier rang desquels nous devons placer la nécessité de tirer le peuple de sa léthargie et de faire parvenir jusqu’à lui les bienfaits de l’instruction. L’ignorance, c’est la misère ; l’instruction, c’est la fortune. L’ignorance, c’est l’esclavage ; l’instruction, c’est la liberté. La mère doit le lait à l’enfant qu’elle a mis au monde, le père lui doit le pain, la société lui doit l’instruction. Et ce peuple que nous devons instruire, c’est le vrai peuple, celui qui travaille : laboureurs et artisans, les pères nourriciers du genre humain, ceux qui construisent, ceux qui sèment, mais qui, hélas ! ne récoltent pas toujours. Ouvrons à ceux-là, et à deux battants, les portes du temple qui répand sa lumière bienfaisante sur le monde ;