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L’amour était pour eux utile et salutaire,
Comme l’air qu’on respire, et l’eau qui désaltère.
Un jour, on leur apprit qu’un fer industrieux
Peut briser les liens qui captivent les yeux,
Et par un sens de plus compléter l’existence ;
Mais d’un art protecteur rejetant l’assistance :
« Eh, que nous fait le jour pour nous en informer !
« Nous ne voulons pas voir, nous voulons nous aimer.
« S’il nous manque le jour, c’est qu’il nous est contraire :
« De vivre l’un pour l’autre il pourrait nous distraire,
« Et Dieu, qui fit le jour, ne l’a pas fait pour nous. »
Pour les convaincre enfin, leurs mères à genoux,
Jurent qu’en se voyant on s’aime davantage ;
Plus d’obstacle : et le fer, qu’instruit une main sage,
D’un prodige incertain essayant les hasards,
Interroge la nuit, où dorment leurs regards.
Léonie entrevoit un rayon là première,
Mais son œil aussitôt refusant la lumière,
Rentre dans son sommeil pour ne plus le quitter ;
Sur l’œil de son amant le jour va s’arrêter,