Page:Lefèvre-Deumier - Le Parricide, 1823.djvu/91

Cette page n’a pas encore été corrigée

Semble, en se dérobant sous l’épaisseur des neiges,
Aux courses du chasseur tendre d’horribles pièges ;
Un vallon se déploie entre un double coteau.
Là, naquit autrefois dans un simple château
Deux enfans qu’on nommait Eudoxe et Léonie ;
De leurs yeux inclinés la vue était bannie,
Et leurs mères long-temps s’affligèrent sur eux.
Ils semblaient, aux regards qui surveillaient leurs jeux,
Vivre dans ce sommeil qui s’agite et se lève,
Et donne un air de vie aux mensonges d’un rêve.
Ils entendaient souvent comparer leurs appas,
Au coloris des fleurs qu’ils ne comprenaient pas :
Car en les respirant, leur naïve ignorance
Croyait que le parfum en était la nuance ;
Et ces jeunes enfans demandaient quelquefois
Quelle couleur avait leur haleine et leur voix.
Sans être frère et sœur, unis par leur naissance,
Et rapprochés encor par la même impuissance,
Ils s’aimaient, sans savoir qu’on pût vivre autrement :
Ce besoin de leur cœur n’était pas un tourment ;