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Pourtant elle vivait : hélas ! trop peu de temps,
Cette espèce de mort a suspendu ses sens.
De rêves douloureux une suite incertaine,
De son cerveau brisé ne s’échappe qu’à peine ;
Tel un arc amolli par un ciel pluvieux,
Semble amollir les traits qui demandaient les cieux.
Sa raison laisse fuir le passé qui s’efface ;
L’avenir est pour elle un vaste et sombre espace,
Qui d’un rayon perfide éclairé par hasard,
En laisse le spectacle effrayer son regard.
Tel est dans un désert, surpris par les ténèbres,
Un voyageur en proie à des pensers funèbres ;
Si des vapeurs du sol le phosphore léger,
D’un abîme à ses pas révèle le danger,
Il s’arrête : et long-temps un œil pusillanime,
En rentrant dans la nuit, se souvient de l’abîme.
Elle sent sur son cœur s’appuyer lourdement
Un poids dont il ne peut repousser le tourment ;
Sent-elle que ce poids, c’est le crime et la honte ?
Elle sait bien qu’au Ciel elle doit rendre compte,