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« Lorsque sous tes regards échauffant le carnage,
« L’espoir de la trouver stimulait mon courage ;
« J’avais le glaive alors qui sauva tes états.
« Tu me l’as fait ravir par d’indignes soldats
« Ce glaive, qui versa plus de sang pour mon père,
« Que ne m’en peut tirer la hache mercenaire !
« Tu m’as donné la vie, et tu me la reprends !
« C’est un don de m’ôter le jour que je te rends :
« Mais je pouvais au moins mourir avec mes armes…
« Je n’ai point oublié ma mère ni ses larmes.
« Son amour délaissé, son précoce tombeau,
« Avait à la douleur condamné mon berceau :
« Et je ne suis sorti des langes de l’enfance,
« Que pour porter tout seul le poids de son offense ;
« Je devais m’en venger, et je ne sais pas bien
« Si je fus ton rival, ou si tu fus le mien.
« J’ai séduit ton épouse ! et pourquoi ta vieillesse,
« La voyant par son père offerte à ma tendresse,
« Et m’opposant ton crime à qui je dois le jour,
« M’a-t-elle ôté mon bien, sans m’ôter mon amour ?