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« Des pleurs que j’enviais me fermant les trésors,
« N’a pu sur mes besoins mesurer mes remords.
« J’étais aimé : jamais, dans une âme mortelle,
« Ne s’alluma le feu dont j’ai brûlé pour elle ;
« Mon cœur n’avait jamais battu que sur le sien,
« Jamais d’autre regard n’avait compris le mien ;
« L’amour me dévorait comme une lave ardente.
« Ah, mon père ! pourquoi ta vieillesse imprudente
« Voulut-elle arrêter ce torrent dans son cours !
« Il accablait mon cœur du joug de ses discours,
« Lançait à Julia le sarcasme et l’injure,
« Et m’ordonnait à moi de descendre au parjure.
« J’oubliais, disait-il, la guerre et les combats,
« Et j’appelai la guerre : on n’y répondit pas.
« C’est peu d’avoir maudit ma désobéissance ;
« Mon père, outre-passant sa funeste puissance,
« Un poignard à la main, menaça mes amours.
« J’entendis ma maîtresse invoquer mes secours,
« Mourante… sur mon front on peut lire le reste.
« Eh bien, oui, j’ai sauvé cette femme céleste !