Page:Lefèvre-Deumier - Le Parricide, 1823.djvu/202

Cette page n’a pas encore été corrigée


LE CHASSEUR.

                                            Et c’est tant mieux pour moi.
Quand de Guillaume Tell on m’offrirait la gloire,
Je ne voudrais pas être en proie à ta mémoire.
De l’aigle des rochers tu te crois la vigueur ?
Hors de l’humanité tu veux placer ton cœur ?
Te voilà sous le chaume, et Dieu dans sa vengeance
Fait pâlir ton orgueil devant mon indigence.
Tu te crois plus qu’un homme et te plains de souffrir !
Pour moi, si j’ai souffert, j’ai su me secourir ;
J’ai souffert sans me plaindre. Un grand malheur t’accable !
Il faut le supporter, innocent ou coupable,
Le supporter tranquille…. avancer…. Et tu fuis !


MANFRED.

Je le supporte trop…. Regarde-moi…. Je vis.


LE CHASSEUR.

Tu t’agites beaucoup, et tu crois que c’est vivre.


MANFRED.

Le mal, je te l’ai dit, s’obstine à me poursuivre ;
J’ai vécu bien long-temps, et mes jours écoulés