Page:Lefèvre-Deumier - Le Parricide, 1823.djvu/200

Cette page n’a pas encore été corrigée

Écarter un moment l’empreinte des soucis,
J’ai rempli d’un vin vieux la coupe de mon père ;
C’est ma coupe d’honneur, c’est un vin salutaire
Qui sait, nous réchauffant sous le froid des frimats,
Prolonger jusqu’au soir nos paisibles combats.
Il peut sur vos ennuis opérer un prodige….


MANFRED.

Écarte cette coupe… écarte-la, te dis-je,
Ses bords sont pleins d’un sang qui ne s’épuise pas.
C’est le même partout, il germe sous mes pas.
C’est du sang…. Je le vois…. Le vois-tu ?


LE CHASSEUR.

                                                            Quel mystère !


MANFRED.

N’est-ce donc que pour moi qu’il coule sur la terre ?
Oui, c’est du sang…. le mien…. celui de mes aïeux.
Le sang qui colorait notre front radieux
Quand nous n’avions qu’un cœur, quand la même pensée
Charmait notre jeunesse à peine commencée,
Et quand nous nous cherchions comme on doit s’éviter.