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Dans ses sons, tour à tour on entend les soldats
Ralentir ou presser le bruit sourd de leurs pas,
Tandis qu’en hennissant, la cavale guerrière
De ses ongles armés bat et mord la poussière..
La lyre imite tout : et lorsque des combats
Sur la corde adoucie expire le fracas,
Comme le char du Dieu que dirige la gloire,
Elle s’arrête enfin par un cri de victoire.
Le luth se tait : l’oiseau reste silencieux ;
Le ménestrel écoute, il regarde, et joyeux,
Voyant que son rival n’a pas pris sa volée,
Il croit du rossignol la gloire désolée.
Soudain le chantre ému réveille ses accords :
De son gosier flexible étalant les trésors,
Il répond à son tour à cet hymne de guerre ;
Peut-être sous sa voix l’image se resserre,
Mais rien n’est oublié, mais rien ne s’affaiblit.
Ainsi quand le graveur, sur l’airain qu’il polit,
Veut d’un vaste tableau restreindre l’étendue,
Sans changer les objets, son art les diminue