Page:Lefèvre-Deumier - Le Parricide, 1823.djvu/158

Cette page n’a pas encore été corrigée

Que la jeune Corinne, à Diane asservie,
Et ne connaissant pas le sommeil du pasteur
Que venait visiter la déesse ravie,
Regrettait ce trésor, témoin de la pudeur,
Que l’on garde avec peine, et qu’on perd sans colère.
« Pour oublier ta perte, hélas ! que faut-il faire,
Disait-elle souvent à sa virginité ?
« Peut-être contre moi le Ciel est irrité ;
« Ne pourrait-il, hélas ! par la voix d’un présage,
« Aux plaisirs de l’hymen enhardir mon courage !
« Dans les bras d’un époux j’ai déposé ma foi,
« Et l’âme d’une vierge a fui bien loin de moi ;
« Pour oublier sa perte, hélas ! que faut-il faire ? »
Ainsi disait l’épouse un moment solitaire.
De ce présage enfin qu’elle appelait encor,
Elle apprit où fuyait ce pudique trésor
Dont elle avait pleuré l’absence passagère ;
Rien n’est plus virginal que le cœur d’une mère.


Rubelles, 1816.