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« Car si je n’aime pas, je veux bien que l’on m’aime. »
Et Calaïs disait : — « Eh ! c’est toi qui me fuis !
« De ses mépris pour nous une vierge s’afflige,
« Quand la marque des ans s’attache à sa beauté.
« Sitôt que d’une fleur pendante sur sa tige
« Un orage a flétri le tendre velouté,
« Des baisers du zéphyr le parfum l’abandonne ;
« La vierge aux cheveux blancs se verra dédaigner,
« Comme on délaisse un arbre oublié de Pomone,
« Une source où Vénus ne va plus se baigner. »
Corinne alors feignait de ne le pas entendre,
Et sa mère lui dit : « Ma Corinne, il est temps :
« Aux chants de Calaïs il faut enfin te rendre.
« Vois cet arbre fécond qui connaît vingt printemps :
« Son premier jour remonte au jour de ta naissance ;
« Sais-tu ce qu’il veut dire avec son fruit doré ?
« Qu’à ton âge, ma fille, on n’est plus dans l’enfance ;
« Que ton sein n’est pas fait pour rester ignoré,
« Et, que te dirigeant vers une autre chaumière,
« Du toit de tes parens il faut quitter le seuil. »