Page:Lefèvre-Deumier - Le Parricide, 1823.djvu/140

Cette page n’a pas encore été corrigée

Et toi qui, comme lui, dans les champs de Cusco,
Préparais à tes vers un glorieux écho,
Et, montant le premier sur le char de Virgile,
Voulais cueillir la palme à nos mains indocile,
Nous t’avons vu chercher, sur un vil tombereau,
Une mort sans cercueil sous la main du bourreau.
Devions-nous donc, hélas ! affligeant notre terre,
Des maux dont si long-temps a saigné l’Angleterre,
Oublier, en frappant ce noble rejeton,
Qu’elle avait respecté la tête de Milton ?
Jadis en ce pays, dont notre république
Approuva les excès par sa fureur civique,
Un poëte a vécu, qui, jeune et malheureux,
Cadençait des bergers les soupirs amoureux.
Chatterton, comme toi, chantait d’une âme pure,
Les bois et les pasteurs, et la belle nature,
Il mourut ; et bientôt consolant ses cyprès,
Le luth de ses rivaux y porta des regrets :
Des pleurs contemporains, moi seul dépositaire,
J’offre à ta tombe absente un encens solitaire.