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Tu mourus, jeune ami que je n’ai pas connu.
Heureux, quand de mourir notre temps est venu,
Heureux qui peut au moins ne pas voir sa patrie
Errer de joug en joug honteusement flétrie !
Heureux qui peut mourir, quand de la liberté,
Par des vapeurs de sang le temple est infecté ;
Quand les droits sociaux sont remis en problème,
Quand l’honneur est un crime, et le crime un système !
L’ombre de Simonide eut soin de ton berceau,
Et tu crus, fils des Grecs, qu’un tranquille vaisseau
Te ferait éviter les écueils de l’envie,
Et traverser content l’archipel de vie ?
Ah ! tel n’est pas le sort des esprits vigoureux !
Et le malheur, semblable à ces guides affreux
Qui nous font, à travers le péril des montagnes,
De la belle Italie aborder les campagnes,
Le malheur nous conduit à l’immortalité.
Marchons donc sur ses pas vers la postérité :
Du présent dédaigneux elle acquitte la dette,
Tout pays est ingrat pour les chants du poëte ;