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Un soir, que le besoin de s’occuper d’amour
Avait conduit leurs pas sous les pins d’alentour,
Ils goûtaient un bonheur qui n’est pas de la terre.
Figurant dans les cieux un esquif solitaire,
La lune y balançait son croissant embrumé,
Et l’air était si doux qu’il semblait embaumé.
Rien de leur volupté ne troublait le silence :
Le zéphyr sommeillait ; sa discrète indolence
D’aucun frissonnement n’agitait les roseaux,
Et leur ombre, en dormant, se penchait sur les eaux.
Que la nature est belle auprès de ce qu’on aime !
Tout prend de notre amour la teinte et la voix même :
Elfride et son Irner, tous deux y répondaient ;
Ils ne se parlaient plus, mais ils se regardaient.
Soudain, perçant du lac la voûte rembrunie,
S’exhalent les soupirs d’une lente harmonie ;
Et les sons solennels, précurseurs du trépas,
Se croisent sur les flots, qui ne s’émeuvent pas.
Elfride en ce moment se sentit défaillante ;
La pâleur s’étendit sur sa bouche riante ;