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J’aime à croire qu’un jour, dans ce même couvent,
Où je parle aux oiseaux et cause avec le vent,
A l’heure, où les amis se font leur confidence,
Et pendant qu’au foyer, exerçant sa prudence,
Votre mère aux enfants, sur ses genoux assis,
Débitera tout bas d’admirables récits,
J’aime à croire qu’Eusèbe et Maxime son frère
Se rediront entre eux les gestes de leur père,
De leur père couché, comme tous ses parents,
Sous les arbres qu’il plante, et qui seront bien grands.

Oui, quelquefois alors vous prendrez ce volume,
Muet consolateur de mes jours d’amertume,
Et vous vous relirez quelqu’un de ces morceaux,
Où je bénis des bois les mobiles arceaux,
Et l’orgue du feuillage animé par la brise ;
Où j’ai chanté les fleurs que l’abeille courtise,
La nature, les arts, l’isolement sacré ;
Où j’ai ri quelquefois, et plus souvent pleuré :
Et vous direz alors, en bons fils que vous êtes,
Ces œuvres, pour le temps, sont vraiment fort bien faites.
Le style est un peu roide, et le tour a vieilli,
Mais ces vers, dans le fond, valent ceux d’aujourd’hui.