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L’aveuglement peut-être est la crainte de voir :
Mais, quand on a tout vu, quand on croit tout savoir,
Qui pourrait à nos yeux, trompés dans leur chimère,
Du bandeau, qu’ils n’ont plus, rendre l’ombre éphémère !
Eh ! que me pourrait-on ramener désormais !
Je ne me souviens plus des erreurs que j’avais.
Je sais que quelquefois mes yeux, sans le lui dire,
Comme un rêve imprévu, bénissaient son sourire ;’
Que j’appelais bonheur ce qui n’est qu’un hasard.
Si ce n’était pas moi que cherchait son regard,
Il me semble pourtant que j’aurais pu le croire :
De mes illusions voilà toute l’histoire ;
Elles n’existent plus, un jour a tout détruit.
De combien de secrets un seul jour nous instruit !
J’ai cru pendant long-temps à son insouciance,
Mais je me débattais contre ma prévoyance ;
Aujourd’hui j’ai tout vu, rien n’a pu m’échapper.
Moi qui n’exigeais rien, fallait-il me tromper ?
On est jaloux du cœur où l’on sait que l’on règne,
Et fière d’inspirer l’amour qu’elle dédaigne,