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Oh ! non, je l’aime trop, pour vouloir être aimé.
Mais de ses yeux charmants si l’ébène enflammé
S’éveillait pour un autre au feu qui me dévore !
Si, quand j’aurai brisé les liens qu’elle ignore,
Elle souffrait mes maux pour un autre que moi !
Si quelqu’indigne amant se parait de sa foi… !
Qu’elle ne m’aime pas, mais il faut que je l’aime :
Je crois par cet amour la sauver d’elle-même.
Cet amour inconnu, rempart mystérieux,
D’un rival que je crains la défend à mes yeux.
Il me semble du moins ( c’est espérer encore )
Qu’on ne peut l’adorer, tandis que je l’adore ;
Il me semble de plus qu’elle doit le savoir.
Peut-être au fond du cœur s’avouant son pouvoir,
Elle souffre et me plaint de son ingratitude.
Si sa pitié pourtant n’est qu’une inquiétude,
Je refuse un bonheur qui lui coûte un regret :
J’aime mieux, consumé d’un feu lent et discret,
Sans troubler ses regards, dépérir en silence.
Puisse de ma pâleur la sinistre éloquence,