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Je craindrais, comme un bruit qui distrait de sa voix,
La gloire, que la mienne invoqua tant de fois :
Toujours au même but ma pensée asservie,
Dans une seule image a concentré ma vie ;
Et j’ai, pour un présent, qui doit bientôt finir,
Le douloureux ennui d’oublier l’avenir.
Je me supplie alors, je promets, je me jure,
A mes destins promis de n’être plus parjure,
Mais-sitôt qu’ils sont faits, je trahis mes serments.
J’ai peut-être jadis, brûlant d’égarements,
Séduit avec orgueil quelque beauté fragile,
Et, tramant de son joug l’habitude servile,
De mon encens menteur environné ses pas :
J’ai livré, j’ai perdu, j’ai gagné des combats :
Tout est changé pour moi, je suis changé moi-même,
Je n’avais point aimé, je commence, je l’aime.
Mais dérober sa vie, en offenser le cours,
Porter sur la fraîcheur où dorment ses beaux jours,
Un souffle qui l’altère, un poison qui la blesse,
Imposer à son cœur ma chaîne de tristesse !