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Quand la faulx des combats a couché sur la terre
Tous ces sanglants épis dont se nourrit la Guerre,
On voit du noir corbeau les obscurs bataillons
Glaner, après la Mort, dans ces affreux sillons.
Que cherchent-ils ici, sur ce champ de batailles,
Où le Temps obstiné lutte avec des murailles ?
Sur le temple détruit du vaste Dieu des mers,
Les voyez-vous de loin se reposer des airs ?
Chargés par le Destin de sinistres messages,
Viennent-ils contempler l’effet de leurs présages ?
Ils pouvaient, sans le voir, compter sur leur succès :
Qui prédit le malheur ne se trompe jamais.
Toi dont le fier trident fit jaillir de la terre
Le cheval écumant du besoin de la guerre,
Les siècles t’ont frappé, protecteur des combats,
Et brisé, comme toi, l’olivier de Pallas,
Elevant humblement ses ramaux pacifiques,
Comme un captif blessé languit sous tes portiques ;
Ainsi tout dans le monde expire sans appui,
Et l’homme fait des dieux qui meurent comme lui.