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Ta voix résonne encore autour de mon manoir,
Et lorsque j’y réponds, je crois presque te voir.
De ses larmes souvent cherchant à se défaire,
On court après l’oubli, qu’on crut imaginaire ;
Mais mon cœur, plein du tien, craint peu ce déshonneur.
Ta vie était pour moi mon seul titre au bonheur,
Et ta vie, en fuyant, a fermé ma carrière :
Pour vivre encor ton fils, je veux vivre en arrière ;
J’ai perdu trop d’amour pour être consolé.
Dans le désert du monde à présent exilé,
Je n’y chercherai plus les regards de la gloire ;
Mon orgueil autrefois les rêvait sans y croire,
Mais à qui maintenant rapporter mon orgueil ?
Dans quels yeux, aujourd’hui que les miens sont en deuil,
Dans quels yeux chercherais-je à jouir de moi-même ?
Sur quel front essayer l’espoir d’un diadème ?
Où trouverais-je un cœur parent de mes succès ?
J’ai mis mon avenir au pied de tés cyprès,
Ma mère, qu’il y dorme à côté de ta cendre ;
Que m’importe le monde, où tu ne peux m’entendre !

Passy, Septembre 1822.