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Le temps, en les bornant, réfroidira mes vœux :
Je suis trop jeune encor pour savoir être heureux ;
Je renonce à l’amour, et non pas aux maîtresses.
Oui, de la volupté rappelant les caresses,
Je vais être à mon tour inflexible et méchant :
Sur mon luth, embrasé d’un feu doux et touchant,
Je vais faire mentir mes larmes pathétiques ;
Eh ! pourquoi flageller de mes vers satiriques
L’invincible héros de tant d’exploits d’amours ?
On croirait que celui qui l’accuse toujours,
Dévoré du regret de ne pouvoir pas l’être,
Dénonce les plaisirs qu’il n’a pas su connaître,
Et qu’en dépit de moi, mes perfides pinceaux
Sont réduits au bonheur d’inventer mes tableaux.
Non, je n’invente rien. C’est d’après mes caprices
Que de l’art de tromper je peindrai les délices ;
Épuisant de cet art jusqu’au dernier détour,
Ce que je n’ai pas fait, je veux le faire un jour ;
Loin de moi ces liens, qui troublent l’existence !
Je veux, en la chantant, m’enivrer d’inconstance.