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lancent des flèches très-loin, jusqu’à l’Althérôn et au roi Aidès. Il est tout nu, mais son esprit est caché. Il vole comme un oiseau vers les uns et vers les autres, vers les hommes et les femmes, et il s’assied dans leur cœur. Il a un arc très-petit, et sur l’arc une flèche ; cette flèche est petite, mais elle pénètre jusque dans l’Ouranos. Il a sur les épaules un carquois d’or où sont des flèches amères avec lesquelles, souvent, il me blesse aussi. Tout ce qu’il a est terrible, mais, plus que tout le reste, sa petite torche, qui brûle Halios lui-même.

Si tu le saisis, amène-le, l’ayant lié, et n’aie aucune pitié ; si tu le vois pleurant, prends garde qu’il ne te trompe : s’il rit, lie-le bien, et, s’il voulait t’embrasser, fuis. Son baiser est mauvais et ses lèvres sont du poison. S’il dit : — Prends ceci, je te donne toutes mes armes ! — n’y touche pas ; ce sont des dons perfides, et tout cela est trempé dans le feu.



II


Eurôpè.



Une fois, Kypris envoya un songe agréable à Eurôpè, vers la troisième partie de la nuit, à l’heure où l’aube est proche, quand un sommeil plus doux que le miel descend sur les paupières, dénoue les membres, clôt les yeux d’un lien léger, et quand la foule des songes véridiques nous repaît. Elle dormait en ce moment au plus haut des demeures, Eurôpéia, la fille encore vierge de Phoinix.