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bête fauve et cette épaisse massue, il se demandait d’où venait cet Étranger, et il désirait l’interroger ; mais, dans la crainte de parler mal à propos et de retarder son hôte, il arrêtait les paroles sur ses lèvres. Or, on ne peut deviner la pensée d’un autre homme.

Les chiens, avertis de leur approche par l’odeur et par le bruit des pas, aboyaient avec fureur et se jetaient sur Hèraklès Amphitryôniade, tandis que, d’un autre côté, ils jappaient doucement et caressaient le Vieillard. Et celui-ci les repoussait avec des pierres, et, les menaçant à haute voix, les forçait à se taire, bien qu’il se réjouît dans son cœur de leur vigilance à garder l’étable pendant son absence. Et il parla ainsi :

— Ô Dieux ! quelle intelligence les Immortels ont donnée à cet animal compagnon de l’homme ! Aucun autre ne pourrait l’égaler, s’il pouvait distinguer ceux contre qui il faut s’irriter de ceux qu’il faut respecter ; mais il est aveuglément irritable et furieux. Il parlait ainsi, et ils gagnaient rapidement l’étable. Hèlios tournait ses chevaux vers l’ombre, amenant la fin du jour, et les grasses brebis revenaient des prés vers les enclos et les bergeries ; puis, les vaches innombrables suivaient à la file, pareilles aux nuées pluvieuses pourchassées à travers le ciel par le souffie violent du Notos ou du vent de Thrèkè, amoncelées les unes sur les autres, tant la force du vent les presse ou les amasse. Telle se multipliait la foule des vaches. Elles emplissaient la plaine et les sentiers, et la riche campagne était pleine d’un seul mugissement ; et bientôt les vaches aux pieds ronds et les brebis furent parquées dans les enclos. Alors, bien que les serviteurs fussent nombreux. aucun ne manquait d’ouvrage. L’un entravait le