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moitié de nos maux. Une autre calamité deux fois plus lourde que celles que j’ai dites est tombée sur les Perses.

ATOSSA.

Quel malheur plus funeste est-il donc arrivé ? Dis quelle est cette calamité dont tu parles et qui a frappé l’armée de maux encore plus terribles.

LE MESSAGER.

Tous ceux d’entre les Perses qui étaient les plus forts, les plus braves, les mieux nés, les plus fidèles au Roi, ont misérablement subi une mort sans gloire.

ATOSSA.

Ô malheureuse ! ô triste destinée pour moi, amis ! De quelle mort ont-ils péri ?

LE MESSAGER.

Il y a une île auprès des côtes de Salamis, petite, inabordable aux nefs, que Pan, qui aime les danses, hante sur les bords de la mer. Xerxès les avait envoyés là afin que les ennemis, chassés de leurs nefs, s’étant réfugiés dans l’île, on égorgeât aisément ce qui survivrait de l’armée des Hellènes et qu’on pût sauver les nôtres des flots de la mer ; mais il prévoyait mal ce qui devait arriver. En effet, quand un Dieu eut donné la victoire à la flotte Hellénique, dans ce même jour, s’étant revêtus de leurs armes d’airain, ils sautèrent de leurs nefs et enveloppèrent l’île, afin que les Perses n’eussent