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rants boueux, comment pourrez-vous la boire ? Je voudrais persuader aux citoyens chargés du soin de la République d’éviter l’anarchie et la tyrannie, mais non de renoncer à toute répression. Quel homme restera juste, s’il ne craint rien ? Respectez donc la majesté de ce tribunal, rempart sauveur de ce pays et de cette ville, tel qu’on n’en possède point parmi les hommes, ni les Skythes, ni ceux de la terre de Pélops. J’institue ce tribunal incorruptible, vénérable et sévère, gardien vigilant de cette terre, même pendant le sommeil de tous, et je le dis aux citoyens pour que cela soit désormais dans l’avenir. Maintenant, levez-vous, et, fidèles à votre serment, prononcez l’arrêt. J’ai dit.

LE CHŒUR DES EUMÉNIDES.

Je vous conseille de ne point outrager notre troupe terrible à cette terre !

APOLLÔN.

Et moi, je vous ordonne de respecter mes oracles qui sont ceux de Zeus, et de ne point les rendre impuissants !

LE CHŒUR DES EUMÉNIDES.

Tu t’inquiètes d’une cause sanglante qui ne te concerne pas. Tu ne rendras plus d’oracles véridiques si tu persistes.

APOLLÔN.

Mon père a-t-il aussi manqué de sagesse quand Ixiôn le supplia, après avoir commis le premier meurtre ?