Page:Leconte de Lisle - Derniers Poèmes, 1895.djvu/37

Cette page a été validée par deux contributeurs.



PARFUM DES NÉRÉIDES


L’Encens



Sous les nappes d’azur de la mer d’Ionie
Qui soupire au matin sa chanson infinie,
Quand le premier rayon du ciel oriental
Étincelle en glissant sur l’onduleux cristal,
Puissions-nous contempler, ô chères Néréides,
Vos longs yeux d’émeraude et vos beaux corps fluides !

De vos grottes de nacre aux changeantes couleurs
Où le rose corail épanouit ses fleurs,
Des berceaux d’algue verte aimés des Dieux Tritones,
Des mobiles vallons parsemés d’anémones,
Des profondeurs où luit sur le sable vermeil
L’opaline clarté d’un magique soleil,
Montez ! Laissez flotter dans les brises charmées
Vos tresses, d’un arôme âpre et doux embaumées,
Et, mieux que le dauphin joyeux et diligent,
Fendez le flot natal d’un sillage d’argent !