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LE NABI




Mais de la foule un homme, un prisonnier, bondit.

L’extase qui le dompte emplit ses yeux arides :
En vain un siècle entier dans l’ampleur de ses rides
Inscrit en plis d’airain son orbe révolu,
Les calmes pectoraux de son torse velu
Roulent superbement sur sa large poitrine.
Le souffle prophétique, en gonflant sa narine,
D’un surhumain orgueil sous ses sourcils puissants
Anime sa prunelle aux jets éblouissants,
Et fait son front pareil, sous le dieu qui le hante,
Au chêne échevelé grondant dans la tourmente.