Page:Leconte - Le Bouclier d’Arès, 1897.djvu/44

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La quatrième aurore éclaira le Shinar :
Le Conquérant, toujours splendide et taciturne
En son manteau roidi par la fraîcheur nocturne,
Eut un geste. La Terre à genoux salua
Le disque de Shamas montant sur Ninoua,
Et les tours de Nimroud de nuit enveloppées,
Ainsi que du fourreau s’échappent les épées,
Flambèrent, comme si le Dieu gardien d’Asshour
Se levait, dans la gloire implacable du jour.

Alors, du sombre amas des hordes aguerries,
De ces blocs bigarrés, faits de cavaleries,
D’archers et de soldats, de fauves combattants,
De ce tumulte enflé d’une rumeur d’autans,
De ces rangs en sueur, lourds de meurtre et de proie,
Sur qui Râman, l’esprit des batailles, flamboie,
De cette immense armée étagée en croissant,
Une acclamation au ciel éblouissant
Jaillit, et des chevaux soulevant la crinière,
S’éploya comme l’aile immense du tonnerre.