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De l’Aigalée ardent couvrant les âpres pentes,
Dans un tumulte lourd de combattants bardés
De fer, de cavaliers haussant leurs arcs bandés,
De machines levant leurs étranges charpentes,

Les innombrables rangs en croissant étagés,
Sous un mur incliné d’enseignes et d’images,
Ceignaient l’autel du Feu vivant, où les grands Mages
Interrogeaient le cœur des chevaux égorgés,

Cependant qu’attentifs aux augurales marques,
Droits sur leurs étalons nyséens, imbriqués
De bronze, dans l’éclair des javelots choqués,
Resplendissaient, géants, les durs myriontarques.

Et peut-être, songeant à leurs sacrés aïeux,
Tous croyaient voir, chassant au ciel l’ombre inféconde,
La gloire de Kyros, le dynaste du monde,
Dans le rouge levant monter avec ses Dieux.

Et, sur le promontoire enveloppé d’armées,
Le Maître de l’Asie, et de l’Inde et de Tyr,
Dans l’azur fulgurant qui semblait retentir
De l’éclat souverain des victoires clamées,

Immobile comme un Dieu d’or, le Conquérant,
Parmi ses Ariens qu’il passait de la tête,
Dominateur vêtu pour la dernière fête
Et le plus beau de tous comme aussi le plus grand,