Quand l’aube de ce jour, empourprant les Cyclades,
Ouvrit ses portes d’or au radieux Archer,
L’Akropolis là-bas fumait comme un bûcher
Et la torche courait parmi les colonnades.
Sur le sol déserté de la Patrie en deuil,
Pallas ne veillait plus, sévère Protectrice ;
L’égide que Gorgô de ses cheveux hérisse
Des temples profanés ne gardait plus le seuil.
Les corps des suppliants, percés de coups de lance,
S’amoncelaient aux pieds du vainqueur insolent,
Et, seul, l’orgueilleux cri du Mède violent
De la cité sacrée emplissait le silence.
Pour que fût accompli l’oracle, aux horizons,
Sous le char syrien la terre ensanglantée
Tremblait ; l’olivier blanc du divin Erekhthée
Tordait en jets de feu ses impuissants tisons.
Et, quand le Pythien foula les monts de neige,
Sous les tours de Kékrôps, vides comme un tombeau,
L’incendie éteignait son suprême flambeau
Avec les derniers feux de la nuit sacrilège,
Où, mitrés, dans l’armure aux squammes de métal,
Sur nos autels conquis dormirent les satrapes,
Où le sang d’Iakkhos, pleuré par l’or des grappes,
Versa l’ivresse aux Rois du ciel oriental.
Page:Leconte - Le Bouclier d’Arès, 1897.djvu/150
Cette page a été validée par deux contributeurs.