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Les peuples, aujourd’hui ployés sous tes étreintes,
Verront crouler d’Asshour le temple inachevé,
Ainsi que sur son aire un tas de senevé,
Et, brasier refroidi, noir de haines éteintes,
T’oublieront, ô Géant ! comme un chacal crevé,

Et le pâtre, en sifflant, dressant sa hutte neuve
Sur le sol où tes Dieux partagent ton sommeil,
Fera, dans la splendeur de l’orient vermeil,
Mêlant le roseau souple aux vases de ton fleuve,
L’argile de ton nom sécher au grand soleil.






Déjà bien des Tueurs ont rougi cette plaine,
Dont le pas ébranlait la Ville aux murs de fer,
Et secouait les monts de l’une à l’autre mer :
Et le vent de la nuit, apaisant son haleine,
Ne sait plus de quels sons leurs titres frappaient l’air,

Et bien des conquérants, comme un troupeau qui bêle,
Ont poussé des captifs le bétail ébloui,
Et fait blanchir les os comme un chanvre roui ;
Mais le bouvier qui passe, indifférent, épèle
Leur chiffre sous le sable et la glaise enfoui.