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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE

Deux jours encore s’écoulèrent. Puis, un fait eut lieu auquel Victor n’avait évidemment participé d’aucune manière, mais qui joua en faveur de ses desseins. Un matin, au premier étage de l’hôtel, une cassette contenant de l’or et des bijoux fut dérobée à une Américaine de passage.

La deuxième édition de « La Feuille du soir » raconta l’aventure, dont les circonstances révélaient, chez celui qui avait opéré, une adresse prodigieuse et un sang-froid extraordinaire.

La deuxième édition de ce journal, la princesse la trouvait chaque soir sur sa table et la parcourait distraitement. Elle jeta un coup d’œil sur la première page, et, tout de suite, d’instinct, tourna son regard du côté de Victor, comme si elle se disait :

« Le voleur, c’est lui. »

Victor, qui surveillait, salua légèrement, mais n’attendit pas de voir si elle répliquait à cette inclinaison discrète. Elle reprit sa lecture, plus en détail…

« Me voilà classé, pensait-il, et classé cambrioleur de grande envergure, écumeur de Palaces. Si c’est la femme que je cherche, et je n’en doute guère, je dois lui inspirer de la considération. Quelle audace est la mienne ! Quelle sérénité ! Leur coup fait, les autres fuient et se cachent. Moi, je ne bouge pas. »

Le rapprochement était inévitable. Victor le facilita en devançant la jeune femme et en s’installant dans le hall, sur un divan isolé, contre le fauteuil où elle avait coutume de s’asseoir.

Elle vint, demeura une seconde indécise, et s’assit sur le divan.

Une pause suivit, le temps qu’il lui fallait pour