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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE
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maîtresse… Ainsi, chaque jour, quand tu allais à Paris… »

Elle répéta, la voix basse, tandis que ses joues couperosées devenaient toutes grises :

« Une maîtresse… une maîtresse !… Comment est-ce possible !… tu avais une maîtresse !… »

À la fin, il répondit, sur le même ton de gémissement :

« Pardonne-moi, Gabrielle… Cela est arrivé, je ne sais pas comment… Et puis, voilà qu’elle est morte… »

Elle fit le signe de la croix.

« Elle est morte…

— Tu as entendu… Tout ce qui se passe depuis deux jours est terrible… je n’y comprends rien… un cauchemar… Pourquoi me torturer ainsi ? Pourquoi ces gens-là veulent-ils m’arrêter ? »

Elle tressaillit.

« T’arrêter… Mais tu es fou… T’arrêter, toi ! »

Elle eut une explosion de désespoir, qui la jeta par terre, et, à genoux, les mains jointes et tendues vers le commissaire, elle suppliait :

« Non, non… vous n’avez pas le droit… je vous jure, moi, qu’il est innocent. Quoi ? pour le meurtre du père Lescot ? Mais puisqu’il était près de moi… Ah ! sur mon salut éternel… il m’a embrassée… et puis… et puis… je me suis endormie dans ses bras… Oui, dans ses bras… Alors, comment voulez-vous ?… Non, n’est-ce pas ? ce serait monstrueux ? »

Elle bégaya quelques mots encore, à la suite de quoi sa voix, s’épuisant, devint indistincte. Elle s’évanouit.

Tout cela, son chagrin de femme trompée, son effroi, ses prières, son évanouissement, tout cela fort naturel