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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE


II


M. Gautier, directeur avisé et fort habile, qui cachait sous un air bonasse de la finesse et du jugement, attendait Victor dans son bureau, en compagnie d’un petit homme gros, assez âgé, mais encore solide d’aspect, et d’encolure puissante. C’était un des supérieurs immédiats de Victor, le commissaire Mauléon.

« Enfin quoi, Victor, s’écria le Directeur, qu’est-ce que ça veut dire ? Je vous ai vingt fois recommandé de rester en contact avec nous de la façon la plus absolue. Or, depuis deux jours, aucune nouvelle. Le commissariat de Saint-Cloud agit de son côté, mes inspecteurs d’un autre, et vous d’un troisième. Pas de liaison. Pas de plan concerté.

— En bon français, observa Victor, sans s’émouvoir, cela signifie que l’affaire des Bons de la Défense et que celle du crime de la Bicoque n’avancent pas à votre gré, chef ?

— Et au vôtre, Victor ?

— Je ne suis pas mécontent. Mais j’avoue, chef, que je n’y mets pas beaucoup d’entrain. L’affaire m’amuse, mais ne m’emballe pas. Trop fragmenté. Des acteurs de troisième plan, qui agissent en ordre dispersé, et qui accumulent les gaffes. Aucune unité. Pas d’adversaire sérieux.

— En ce cas, insinua le Directeur, passez la main. Mauléon ne connaît pas Arsène Lupin, mais il l’a combattu jadis, il a une longue habitude du personnage, et il est mieux qualifié que personne… »

Victor s’était avancé vers le Directeur, visiblement troublé.