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à s’étreindre sans ardeur à des intervalles de plus en plus réguliers.

Toujours d’humeur ouverte, heureux en affaires, enchanté de son mariage, Chalmin, peu observateur, ne se doutait nullement de l’ennui qui rongeait sa femme. Quant à parrain, il avait annoncé son intention de passer à Croisset une partie de l’hiver.

Seules les visites de Paul rompaient de temps à autre les monotones après-midi de la jeune femme. Il la tenait au courant de sa liaison avec Mme Ferville, installée à Rouen ainsi que son mari. Cette intrigue passionnait Lucie comme un roman véritable dont elle suivait, palpitante, les difficultés et les progrès. Elle aspirait au dénouement autant que Paul. Elle le réconfortait.

— Ne crains rien, toutes elles y passent. Il suffit de patienter.

Au mois de décembre, les Lefresne donnèrent leur bal. Cette fête réunissait tous les ans, dans un vaste hôtel de la rue Duguay-Trouin, l’élite de la société rouennaise. M. et Mme Ferville furent invités. Aussitôt Paul combina une rencontre entre les deux femmes.

À onze heures, Lucie fit son entrée au bras de Chalmin. La foule était si compacte que des couples dansaient dans le vestibule, sorte de hall à colonnades, d’où partait un double escalier de pierre.