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durent causer à mi-voix, pour ne point se dévoiler mutuellement les graves paroles qu’elles confiaient à leurs progénitures.

Le nombre des gâteaux apportés fut aussi motif à concurrence. Les deux gamins s’empiffraient d’éclairs et de babas.

Mme Berchon gratifia son fils d’une poire monumentale dont les assistants s’émerveillèrent. Le lendemain, Lucie déballait une assiette de meringues. René y gagna une cruelle indigestion.

La neige tombait. Le vent hurlait. La pluie battait. Le verglas luisait sur les trottoirs. Nulle intempérie ne les empêchait d’accomplir leur pieux pèlerinage. La voiture de Lucie lui assura quelques jouissances d’orgueil, mais elle les trouvait bien piètres à côté des satisfactions morales qu’Henriette retirait de son fils.

Une haine démesurée les gonflait, débordait de leurs yeux, donnait à leurs mouvements un aspect agressif. Un choc se produisit.

René se présenta, un jour, en sanglotant. Il bégayait :

— C’est Berchon, maman, c’est Berchon qui m’a tapé.

Mme Chalmin, outrée, essuya ses larmes et soudain elle vit, au-dessus du sourcil, une énorme bosse déjà bleuâtre.

Une colère l’affola et comme le jeune Max