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lité de ses efforts, Lucie faiblit. Son énergie se dissipa. Elle accepta le partage.

Son chagrin refoulé, elle n’y pensa plus qu’à de rares intervalles, soit dans des crises de vanité, soit pour mieux se persuader qu’elle connaissait l’amour et toutes ses peines.

D’ailleurs une compensation lui était réservée. Un jour, elle trouva un mot où il la priait de ne pas attendre : « Le tailleur doit présenter sa note, écrivait-il, je préfère m’esquiver. Quelle misère pour un billet de cinq cents francs ! »

Elle courut chez elle, revint en hâte et, quand on sonna, ouvrit en se dissimulant dans l’ombre du couloir. Elle remit les cinq billets. Le fournisseur acquitta.

Le lendemain, Javal bondit vers elle en brandissant la note.

— C’est toi, n’est-ce pas, qui as eu le toupet ?…

Elle baissa la tête. Il la battit. Elle éprouva une certaine fierté, la fierté d’une femme qui aime assez profondément pour bénir son maître de l’avoir frappée.

Javal tenta de lui rembourser cette avance par petites sommes, mais sa gêne augmentait, et ses scrupules diminuèrent. De pressants besoins survenant, il eut recours à elle deux ou trois fois. Il lui créait ainsi de grandes jouissances.