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Lucie, levant ses paupières qu’elle tenait à moitié baissées, prononça :

— Oh ! oui, j’étouffe maintenant.

Elles se regardèrent, silencieuses. Sous les pas des baigneurs, le galet criait, les planches résonnaient. On cogna deux fois à la porte de la cabine : « Est-ce bientôt libre, ici ? » Elles se taisaient. Leur solitude s’accroissait de tout le tumulte avoisinant. Par la lucarne, un rayon de soleil s’introduisit où grouillaient des atomes de poussière…


Lasses de se voir en cachette, ces trois dames commirent l’imprudence de se promener ensemble. M. Berchon et M. Miroux les rencontrèrent. Henriette s’écria :

— Figurez-vous que nous nous sommes retrouvées dans un magasin ; nous étions fâchées sans raison, la réconciliation a été vite faite.

Désormais, Lucie vint ouvertement à l’hôtel de Normandie.

Une des conséquences de ses rapports avec Mme  Berchon fut un réveil d’élégance. Son extérieur ne varia point, mais son goût se dégrossit, et spécialement elle devint soucieuse de sa toilette intime. Henriette portait d’exquis dessous qu’elle combinait et confectionnait elle-même. Elle inventait des formes de chemise d’une indécence adorable. Ses jupons et ses pantalons