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affronté jusqu’à la façon dont son amant en usait vis-à-vis d’elle.

Elle le trouvait si comique, si peu semblable aux autres avec son essoufflement et ses membres malingres. Ce fut précisément le spectacle de cette décrépitude qui l’attacha. Elle n’en vit pas le côté répugnant. Au contraire, elle y puisa un motif de s’exalter. Le désir de ses amants passés résultait de leur jeunesse, de leur vigueur, du sang qui affluait en leurs veines. Son désir à lui, provenait d’elle seule. Elle seule, par le pouvoir de son être, l’éveillait et le renouvelait. Toute victoire obtenue sur cet être débile l’enorgueillissait comme un hommage à sa beauté. Et elle s’y employait complaisamment.

Il était inévitable que le caractère anormal de ces rapports s’atténuât. M. Bouju-Gavart, effrayé soudain des désordres graves qui se manifestaient dans son organisme, en comprit la nécessité.

D’ailleurs, Lucie lui semblait suffisamment conquise. Ces quelques heures constituaient d’uniques et de si puissantes diversions à la banalité de sa vie ! L’habitude aussi la ramenait. Les jours sans rendez-vous lui étaient plus moroses. Rien n’en comblait le vide.

Puis il ne négligeait aucun détail pour la tenir en haleine. Sachant son incurable vanité,