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M. Bouju-Gavart, réclamait simplement une dot liquide. Elle, plus ambitieuse, prétendait joindre à la fortune une physionomie avenante et des manières distinguées.

Aussi ses investigations demeuraient sans résultat. Robert l’en taquinait.

— Personne n’est digne de moi, il y a de quoi être fier.

— Soyez modeste, disait-elle, un homme fait toujours un mari passable, mais la base du ménage, c’est la femme. Je la veux donc telle que vous n’ayez jamais rien à me reprocher.

Enfin, elle reçut une lettre de Dieppe, Mme Ramel, une amie de jeunesse qu’elle revoyait chaque été, annonçait qu’après la saison elle se fixerait à Rouen pour y produire sa fille.

Une idée l’illumina : Lucie Ramel satisfaisait à toutes les exigences. L’habitude de la considérer comme une enfant l’empêchait d’y songer. Maintenant elle se rappelait sa propre surprise, lors de son dernier séjour au bord de la mer. Elle avait laissé l’année précédente une gamine, elle retrouvait une petite femme réservée, travailleuse, d’allures discrètes.

Quelles garanties d’honorabilité fournissait en outre un tel mariage ! Tout au plus aurait-on pu relever certains bruits relatifs aux mœurs légères de M. Ramel. Mais, heureusement, il était mort pendant la guerre, des conséquences