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depuis la disparition de Maffiano, suivie de celle de Patricia, il accusait, au fond de lui-même, Patricia de le trahir… Patricia qui, pour le salut de son fils, avait fait fuir le bandit… Patricia qui, pour aboutir à la libération définitive de « Monsieur Rodolphe » et pour le soustraire à Maffiano, restait prisonnière du Sicilien.

Entre elle et Maffiano, le marché avait été posé ainsi, et Horace le savait comme s’il l’avait entendu :

« Cède-moi, Patricia, et je te rendrai ton enfant ! »

Patricia avait-elle cédé ? Ou était-elle sur le point de céder ? La lutte devait être terrible dans ce cœur de mère, si terrible que Patricia, même après avoir trahi Velmont en faisant évader son ennemi, lui avait fait demander du secours par l’intermédiaire de son fils : « Maman dit que la situation est très grave… » L’enfant, au cours de l’entrevue, aurait sûrement révélé à Horace le lieu où se jouait le drame.

Ce lieu, comment le connaître ? songea Horace, en proie à une émotion qu’il n’avait jamais éprouvée. Comment empêcher que la mère, dans sa détresse, dans l’affolement de savoir son fils en danger, ne vienne à se sacrifier et à s’abandonner aux désirs de ce misérable ?

Horace Velmont avait de ces passions soudaines qui, dans sa nature excessive, atteignaient dès le début au paroxysme de l’amour le plus ardent. Il lui était intolérable encore de demeurer impuissant à conjurer la menace d’un péril aussi ignoble.

Assez expérimenté et lucide en même temps pour savoir qu’il ne pouvait rien espérer d’actions ou de gestes accomplis au hasard sans éléments