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Chapitre X

S. O. S.


L’événement fut soudain, réponse terrible à ce signal.

Des claquements coururent tout le long du plancher supérieur et, un à un, les fonds des caissons s’abattirent comme des couvercles de boîtes placées à l’envers.

De sorte qu’il y eut, au-dessus des têtes, quinze fois dix trous rectangulaires, béants comme des trappes ouvertes. Et par ces cent cinquante ouvertures descendirent et s’installèrent cent cinquante canons de fusils, dont le petit œil noir et mortel regardait la foule.

« En joue ! » commanda la voix métallique de Lupin qui, redressé, fier, menaçant et souriant, semblait avoir oublié sa blessure.

Il répéta à voix plus haute encore :

« En joue ! »

La minute était tragique. Les quarante, immobilisés par la peur, ne bougeaient pas plus que des condamnés à mort que menacent les carabines braquées d’un peloton d’exécution.

Lupin éclata d’un rire strident.

« Allons, camarades, du cran ! Ne vous troublez pas, sacrebleu ! Voyons : pour vous remettre, quelques exercices d’assouplissement me semblent indiqués, hein ! Commencez ! Garde à vous ! Mains aux hanches ! Tête droite ! Vous y êtes ? Flexions alternatives des jambes avec élévation des bras. La pointe des pieds en avant, s’il vous plaît. Un, deux, trois, quatre ! Eh bien ! Maffiano, nous dormons, mon garçon ! Attention là-haut, le sieur Maffiano, c’est ce type, genre souteneur, qui se cache au milieu d’un groupe de copains, contre le mur, à ma gauche. S’il n’obéit pas… »

Il y eut comme un mouvement parmi les fusils qui cherchaient le sieur Maffiano. Maffiano se crut mort s’il hésitait. Sans aucune vergogne, il obéit à l’ordre de Lupin. Il bomba le torse, renversa la tête, mit ses poings aux hanches et, gravement, tel un petit garçon consciencieux, exécuta de son mieux, les exercices commandés.

« Halte ! » ordonna Lupin.