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Horace continua, très grave :

« J’en suis là, Victoire ; à Champaubert, à Craonne, à Montmirail, rien que des succès. Et, cependant, le terrain glisse sous mes pas. La défaite approche. Mon empire, mes richesses bien acquises seront bientôt aux mains des ennemis. Encore un effort de leur part et je suis ruiné, impuissant, vaincu, abattu, moribond… Sainte-Hélène…

— Tu es donc trahi ?

— Oui. Je suis sûr maintenant de ce que je t’ai déjà signalé. Quelqu’un est entré dans ma chambre, a ouvert mon coffre et s’est emparé des clefs et des papiers qui permettent de me dérober toute ma fortune et de se l’approprier jusqu’au dernier sou. La spoliation, du reste, a commencé.

— Quelqu’un est entré chez toi ? es-tu sûr ? balbutia la nourrice. Qui peut être entré ?…

— Je ne sais pas. »

Il la regarda profondément et ajouta :

« Et toi, Victoire, tu ne soupçonnes personne ? »

Soudain, elle tomba à genoux et sanglota.

« Tu me soupçonnes, mon petit ! Alors, j’aime mieux mourir !…

— Je ne te soupçonne pas d’avoir ouvert mon coffre, mais d’avoir permis qu’on entrât et qu’on